TP3 de 1972 - Historique


     
   

Je m'inspire ici pour l'essentiel de l'article très complet du numéro 87 de la revue Charge Utile. En 1966, le parc de sanitaires (ambulances) de l'armée française est composé : 

  • Pour les sanitaires routières (deux roues motrices), de camionnettes R2065, entrées en service en 1956 et, en réserve et par défaut des Dodge 4x4 très vétustes. Cette même année est adoptée en remplacement des R2065 un modèle dérivé des SG2 commercialisées dans le civil en grande série. En fait, ce n'est qu'en 1970 que ces SG2 sanitaires entreront en service. 
  •  Pour les sanitaires tout chemin, et à côté des mêmes Dodge de réserve, ce sont les dérivés 4x4 du R2065: les R2067 puis 2087, qui sont en service depuis 1957. Mais leur production s'arrête en 1964 pour le 2087, ce qui conduit l'armée à engager une réflexion sur leur remplacement.

Jusqu'au terme de cette réflexion (1969), deux pistes seront suivies, en sachant qu'une consigne gouvernementale est, par souci d'économie d'adopter un matériel qui soit proche d'un véhicule déjà existant dans le parc :

  • Le châssis du Simca Marmon (poids lourd) qui sert surtout au transport de troupes et fait partie des véhicules tactiques avec des capacités de franchissement très importantes,
  • Le châssis des SG Renault-Saviem, qui vient donc d'être adopté pour les sanitaires routières, nettement moins coûteux, mais dont les possibilités de franchissement sont a priori de l'ordre de celle du 2087… ce qui n'est quand même déjà pas mal !

Dès 1966, Renault propose un premier prototype, appelé SG2 4x4, qui reprend le châssis court du Super Gallion SG4 et les éléments mécaniques (moteur, boîte, embrayage) de la Super Goëlette R2271. Un test rapide mais poussé réalisé par l'armée invite le constructeur à revoir sa copie. La caisse routière, qui n'a pas résisté aux essais sur mauvaises pistes, est changée pour une caisse spécialement étudiée pour le tout-chemin. D'autres pièces importantes (ponts) sont également modifiées.

Un second prototype est remis en avril 1967 à l'armée de terre pour de nouveaux essais, auxquels est également soumise pour comparaison… une ambulance R2087. Ce nouveau test est plus concluant (notamment sur cet aspect comparatif). Dix véhicules de présérie sont commandés : il s'agit dès alors de TP2 F39 entièrement industrialisés par Renault-Saviem. Cinq sont réalisés sur des châssis plus courts et dépourvus de vitres latérales par crainte de détérioration en tout-terrain (modification qui a été retenue). D'autres tests conduisent à d'autres modifications : sur les suspensions (passage de 10 à 12 lames pour éviter tout contact roue/bas de caisse en tout terrain et en pleine charge), la boîte de transfert (c'était celle du R 2087), le chauffage, l'insonorisation moteur (si, si, même si on a du mal à y croire aujourd'hui !)… ainsi que sur les brancards. Car un des apports du futur TP3 est de transporter six blessés couchés contre 4 pour le R2087.

Ces modifications effectuées, l'appellation officielle devient en mai 1969 "Sanitaire TP3 L39", dite TP3. Après une dernière hésitation avec le Marmon, le rapport prix/blessés transportés (42000 francs de l'époque pour le TP3 et ses six brancards contre 75000 pour son concurrent qui n'en transporte que quatre) l'emporte et, en juin 1969, l'État Major de l'Armée de Terre adopte définitivement les TP3 pour le "premier transport" des blessés et leur transport vers les postes de premier secours jusqu'au triage, c'est-à-dire entre le ramassage proprement dit (assuré par des "Jeep" porte-brancards) et les lignes arrières où les sanitaires routières prennent éventuellement le relais.

En décembre 1971, le parc militaire compte 480 TP3. Cette même année, l'armée de l'air met également en service des TP3 sanitaires, puis des versions "Torpédo" pour le transport des commandos de protection des bases aériennes. D'autres versions sont adoptées par l'armée, notamment des fourgons et des plateaux ridelles destinés aux liaisons de la gendarmerie. Celle-ci rétrocédera ces derniers à l'armée de terre en 1986. Des véhicules à usage spéciaux (plateau avec bras de levage) seront également utilisés.

Dès 1969, le TP3 L39 (2,6l essence) est réceptionné par le service civil des Mines, à la demande de la Société Anonyme de Véhicules Industriels et d'Équipements Mécaniques (SAVIEM). Sont ainsi homologuées les versions "camion" (fourgon) ou "châssis cabine pour camion". Cette homologation est mise à jour en 1975, toujours dans la catégorie "poids lourd" mais, dès 1974, la version ramenée à 3,5 tonnes de PTAC (TP3 L35) est également réceptionnée. Les deux véhicules sont identiques, la distinction étant administrative (PTAC). En 1980, des versions diesels (3,3 litres) de 3,5 T, sous l'appellation " TP3 MB3 ", sont homologuées mais la motorisation diesel est montée avant 1980 puisque la revue Camping-car cite un aménagement réalisé sur un véhicule diesel (3,3l) de 1974, TP3 commandé par EDF pour ses interventions "tout terrain".

Quand Renault Véhicules Industriels reprend la SAVIEM, l'appellation commerciale officielle devient TRM 1200 (TRM pour Toutes Roues Motrices) même si le nom de TP3 demeure à l'usage.

J'ignore la date de fin de fabrication des TP3 mais leur remplacement s'est fait au sein de l'armée à partir de 1990. Un premier appel d'offres -européen à cette époque- est lancé à la fin des années 80. De nombreux constructeurs y répondent : Renault (RVI) propose un B 70 (Master renforcé) 4x4, Peugeot-Mercedez des "jeep" P4 modifiées par le carrossier Durisotti et portant 3 puis 5 brancards, et Land Rover une cellule aménagée sur châssis long. Un second appel d'offres est nécessaire en 1989 : Renault propose des B90 4x4 mais aussi des poids-lourds TRM 2000, ces deux véhicules ayant l'inconvénient de n'être pas produits en série et d'avoir une hauteur hors tout rendant l'acheminement aérien difficile. Mercedez propose son Unimog, Land-Rover est toujours sur les rangs ainsi que UMM et Brimont. Mais c'est finalement Citroën qui est choisi par l'armée de terre qui adopte en 1990 les C 25 transformés en 4 x4 par Dangel, sans doute par souci d'économie et de polyvalence car cette transformation en fait des tout chemin acceptables mais sans véritable capacité de franchissement tout terrain (en sanitaire routière, ce sont également des C25 rehaussés, rallongés et vitrés qui ont été choisis). C'est sans doute pourquoi la gendarmerie et les pompiers auraient retenu la proposition de Renault, à savoir des fourgons B 90 4x4 mais aussi des Daily Iveco 4x4 - qui sont à mon sens les vrais successeurs du TP3 - et autres Mercedez Unimog pour les véhicules d'intervention.

Des TP3 doivent sans doute encore être stockés en réserve mais il faut en profiter maintenant via les surplus militaires. On trouve encore assez facilement des Torpédos mais les anciennes ambulances se font plus rares… En sachant qu'il existe aussi des fourgons civils, plus récents et dotés de motorisations diesel.

Présentation générale
Historique
Technique
Conduite
Ce TP3-là

   
     


     
 
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