TP3 de 1972 - Ce TP3


     
   

C'est une ambulance de 1972 (2600 cm3 essence 78 CH) de l'armée de l'air, qui était basée dans les Landes à Mont-de-Marsan. Le compteur affichait 32 000 km, bien sûr non certifiés mais crédibles car habituels sur ce type de véhicule revendu par l'armée. Les véhicules de plus de 25 ans avec un tout petit kilométrage (moins de 10 000) ont pour la plupart subi au cours de leur carrière une révision "totale", comprenant le changement du tachymètre. Il a été révisé par EUROSURPLUS 34, près de Montpellier, et repeint "vert OTAN" (vert mat 6006, référence armée 3420). Quand je l'ai vu la première fois, il servait de magasin de pièces détachées (on ne pouvait mettre le pied à l'intérieur) et de nombreux organes avaient été prélevés pour retaper d'autres TP3… Poussières et toiles d'araignée s'y disputaient le premier rôle, et il fallait vraiment y croire… Un mois plus tard, il passait contrôle technique et réception aux Mines sans coup férir. Seul le toit, pas trop bien retapé à coup de résine, garde les séquelles de ses trois décennies.

Passage aux mines ou CG Collection ?

Lors de cet achat, j'ai un peu hésité entre deux possibilités : soit trouver un TP3 en carte grise "Collection", ce qui est plus facile (offres plus fréquentes), en général avec une "révision" limitée à un voile de peinture, deux batteries neuves et un "dégrippage" sur parking… soit un véhicule passé aux mines avec une carte grise ordinaire (V.L.). Certains revendeurs refusent ce passage aux Mines, affichant une complexité et des délais administratifs trop longs. Il peut s'agir d'un souci de ne pas trop creuser l'état réel du véhicule car le passage aux Mines implique un double contrôle technique serré. Souhaitant une utilisation "Camping-car" avant tout, j'ai opté pour cette solution car les véhicules de collection sont condamnés à ne circuler que dans leur région d'origine, hors rassemblement de collectionneurs (on peut bien sûr tricher un peu, mais risquer en permanence un PV pour avoir joué avec le règlement, et se demander à chaque képi si on va ou non y passer, c'est pas mon truc…). En plus, c'était le même prix !

Les inconvénients d'un passage aux Mines, en dehors d'un délai de livraison rallongé de quelques mois, ne sont un obstacle que pour les collectionneurs puristes qui devront renoncer à quelques éléments qui participent au look et surtout à l'authenticité, le principal sacrifice étant l'abandon des feux de black-out pour une signalisation normalisée européenne et la suppression du gyrophare bleu … réservé aux autorités de tout poil (on peut le remplacer par un "orange chantier" mais, fréquentant les sous-bois et les branches basses, cela ne m'a pas paru bien utile !). L'effacement des croix rouges est dû à la réfection peinture, souvent obligatoire : qu'on soit ou non en "collection", peu de personnes demandent à les conserver… Enfin, certains services des Mines refusent le chauffage autonome sur carburant moteur (même s'il ne marche plus !) pour des raisons de sécurité. Quant à l'obligation de se soumettre au contrôle technique tous les deux ans, ce n'est pas un inconvénient, au contraire, quand on veut vraiment circuler avec son engin.

Les avantages du passage aux Mines sont doubles et majeurs : possibilité de circuler comme bon vous semble, sans limitation géographique aucune, et double contrôle du véhicule à l'achat car l'examen du service des Mines ne se fait lui-même qu'au vu d'un contrôle technique nickel, qui suppose une révision correcte, au moins sur les organes de sécurité du véhicule. On dispose alors d'une carte grise ordinaire, catégorie Véhicule léger, avec un PTAC limité à 3,5 tonnes (TP3 L39 Mod, pour "modifié"), ce qui ampute un peu la charge utile "officielle", après autorisation du constructeur. Cette-ci est donnée sans problème par Renault Véhicules Industriels, qui a succédé à SAVIEM. D'autres constructeurs ne sont pas aussi souples, tels Mercedes qui refuse cela pour les Unimog.

Le véhicule est alors en "camionnette" 2 places (j'ai vu sur une annonce un fourgon-ambulance vendu en 9 places, mais j'ignore comment cela a été possible). En effet, les banquettes sont démontées pour le passage aux Mines… mais elles peuvent être remontées après ! Le code de la route (art. R. 124) autorise le titulaire d'un permis B à transporter "occasionnellement" (le terme n'étant pas défini…) 8 personnes maximum (en plus du conducteur) si le véhicule fait moins de 3,5 T de PTAC, dès lors qu'il y a des banquettes dûment fixées (et elles le sont !!). La seule réserve est d'obtenir l'accord explicite de son assureur pour couvrir les passagers supplémentaires, ce que j'ai obtenu sans difficulté (quand le véhicule est antérieur à 1987, il semble y avoir une réglementation plus souple).

Le TP3 comme " base " de camping car

L'idée d'acheter un TP3 m'est venue en parcourant des revues 4x4 (rubrique "petites annonces" : ce genre de véhicule n'est sans doute pas assez chic pour faire l'objet d'un article, même rétrospectif, au milieu des Grand Cherokee et autre RAV 4…), puis en découvrant dans un vieux numéro spécial de la revue "Camping Car" que les TP3 avaient déjà séduit plus d'un camping cariste, en raison de leur volume aménageable et de leurs capacités tout chemin rares dans cette catégorie de véhicule.

En effet, faisant du camping car… depuis que j'ai une voiture, ayant aménagé successivement une 2 CV (avec un système de rallonge sortant du coffre…), une fourgonnette 4L (F6) puis un J5 Peugeot, je ne fais que du bivouac sauvage et ne connais ni autoroute, ni parking, ni camping… et les occasions de se "planter" dans les chemins de bivouac ont été nombreuses… comme les frustrations de renoncer à un coin superbe pour y passer la nuit en raison d'un chemin impraticable pour un véhicule ordinaire.

Si on y ajoute d'autres utilisations (descente de canoé vers un lac via des chemins creux en forte pente, rentrée du bois pour l'hiver…), un " Transport Polyvalent 3 usages " s'imposait (j'ignore si l'appellation TP3 correspond à un acronyme et, si oui, auquel) !! Même si je dois reconnaître que le R2087 et son look inimitable m'a longtemps tenté… C'est en fait en cherchant un tel modèle que j'ai réalisé que le TP3, un peu plus grand et plus récent, ferait mieux l'affaire côté camping.

Les dimensions du TP3, indépendamment de ses aptitudes tout terrain, sont intéressantes pour un "aménageur" : seule la hauteur intérieure est un peu limitée (171 cm) pour un fourgon rehaussé, mais c'est la rançon des capacités 4x4 qui imposent un plancher situé à près d'un mètre du sol… Les autres côtes sont intéressantes : 187 cm de largeur intérieure, permettant des plans d'aménagement avec couchages transversaux, et un bon 3 mètres de long, grâce à la cabine avancée et au moteur situé entre les sièges cabines, et qui est également compatible avec un passage cabine/compartiment toujours précieux en utilisation camping.

Autre gros atout, l'habillage et l'isolation thermique -à compléter- sont déjà réalisés pour le toit et les parois. Le TP3 ambulance ne "chauffe pas" au soleil, même si certains repeignent le toit en blanc pour diminuer encore l'échauffement sur la tôle. Le chauffage autonome (s'il marche…) représente un plus (il fonctionne à l'arrêt). Le plancher en bois facilite la fixation du mobilier et le percement pour l'évacuation des eaux sous châssis, en plaçant les réservoirs de façon à ne pas diminuer la garde au sol, ce qui est assez facile ; il y a d'ailleurs déjà des trappes aménagées un peu partout qu'on peut utiliser directement.

L'espace à aménager Brut de décoffrage… sauf le plafond et les parois isolés et habillés.

Les 10 m2 sont utilisables intégralement, y compris la cabine : espace de rangement derrière le siège conducteur et en partie haute où le filet à bagage militaire peut être remplacé, soit par un placard sous pavillon, soit par une couchette transversale. En couchage d'appoint -surtout avant l'aménagement proprement dit- les civières hautes repliables peuvent être utiles et leurs systèmes de fixation sont autant de points d'ancrage solides sur les parois pour le mobilier ou les accessoires

Enfin, quelques astuces déjà utilisées par des aménageurs méritent d'être connues : l'accrochage de la roue de secours sur la porte arrière gauche libère un vaste volume pour un réservoir d'eau (ou d'eaux usées) sans diminuer la garde au sol. Idem pour le rack à bidons d'essence, si on reste en pays dotés de suffisamment de stations service. Certains suppriment ces deux éléments sous châssis pour augmenter (encore !) la garde au sol.

Remplacer le marche pied par un autre système est nécessaire en raison de l'incommodité que représentent, l'impossibilité de fermer au moins une des portes arrière, marchepied ouvert, ainsi que l'espace occupé à l'intérieur en position repliée. - Le circuit électrique implique une petite adaptation car la plupart des appareils (frigo, éclairages, pompes…) fonctionnent en 12 (ou 220) volts. Le truc m'a été donné par " Bernard ", technicien aimable et compétent de " Narbonne Accessoires ", société spécialisée dans les matériels pour camping cars : il suffit de créer un circuit 12 V séparé à partir d'une des deux batteries moteur, en lui adjoignant une batterie auxiliaire (avec séparateur coupleur pour éviter les décharges de la batterie moteur). Par contre, on ne peut rien brancher sur l'allume cigare… mais ce n'est pas trop gênant : il n'y a pas d'allume cigare !

Bref, le TP3 est une super base, compacte, dont le volume compact (12 m3 environ) et le look martial peuvent se transporter à peu près n'importe où… les quelques inconvénients (consommation, vitesse de pointe, insonorisation…) liés à son ancienneté ne sont que broutilles quand on choisit de prendre les routes buissonnières et non d'abattre du kilomètre entre deux campings…

Présentation générale
Historique
Technique
Conduite
Ce TP3-là

   
     


     
 
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